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Pourquoi l’arrivée de Lloyd Austin au Pentagone pourrait compliquer certains dossiers militaires français

Posted On 19 Jan 2021
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Le général Lloyd Austin n’est pas un partisan de l’interventionnisme militaire et cela pourrait compliquer certains dossiers militaires français.

Aux yeux des Américains en général, et du Parti démocrate en particulier, le choix de Lloyd Austin pour diriger le Pentagone et gérer le budget de 740 milliards de dollars qui lui est alloué est loin d’être anodin. Cet ancien militaire de carrière de 67 ans est un pur produit de la méritocratie américaine. Né dans une famille de six enfants dans l’Alabama, élevé dans le sud de la Géorgie, il a choisi d’entrer à l’académie militaire de West Point pour soulager ses parents financièrement. Son père, un facteur de l’US Postal Service (le service postal gouvernemental), n’avait pas de quoi compléter la bourse que lui offrait la prestigieuse université catholique Notre-Dame dans l’Indiana. Basketteur, comme Barack Obama, repéré par les conseillers de Joe Biden, il n’était pourtant pas leur premier choix pour cette fonction.

La favorite pour l’occuper était Michèle Flournoy, une ex-numéro deux du Pentagone sous la présidence Obama. Tout indiquait que son expérience et son positionnement politique en faisaient la candidate idéale. Mais les progressistes au sein du Parti démocrate ont jugé son profil trop en continuité avec la politique menée sous Obama, pas assez en rupture avec le sens des priorités des amis de Bernie Sanders et d’Elizabeth Warren, pour qui la mission première du président est de reconstruire l’Amérique de l’intérieur. Les élus du Black Caucus, très influent au Congrès, soutenaient également l’idée de nommer un premier Afro‑Américain au poste de secrétaire à la Défense.

Il n’a pas la fibre particulièrement européenne

Si Joe Biden s’est résolu à cette nomination, ce n’est toutefois pas à contrecœur. Il se trouve que les deux hommes se connaissent bien. Leur relation remonte à 2010, alors que le vice-président, Joe Biden, était chargé à la Maison-Blanche du dossier du retrait militaire d’Irak et que le général Austin commandait les forces militaires américaines sur place. “A cette époque, Beau Biden, le fils aîné de Joe, servait également en Irak et se rendait chaque dimanche à la messe, où il s’était lié d’amitié avec Lloyd Austin”, écrit Mark Perry, chercheur au Quincy Institute for Responsible Statecraft, dans la revue Foreign Policy. Le général n’en était pas à son premier séjour à Bagdad. En 2003, il était à la tête de la 3e division d’infanterie qui prit d’assaut la capitale irakienne. De là date son scepticisme quant à l’efficacité des interventions militaires à long terme. En fait, ce général-là est aujourd’hui conscient du défi qui consiste, vingt ans après les attentats du 11-Septembre, “à mettre fin aux guerres interminables”, selon l’expression de la géopoliticienne Maya Kandel, auteure des Etats-Unis et le monde (Perrin, 2018). Pour elle, “cet objectif est un acquis des travaux menés par les équipes progressistes et centristes de la campagne Biden”. Voilà qui pourrait bien ne pas arranger les affaires des alliés de l’Amérique engagés militairement avec elle ou qui bénéficient de son soutien logistique.

Lloyd Austin n’est pas un interlocuteur naturel et empathique pour nous

“Lloyd Austin n’est pas un interlocuteur naturel et empathique pour nous”, confie une source française. Mis à part ses premiers pas de soldat en Allemagne dans les années 1980, le nouveau patron du Pentagone n’a pas la fibre particulièrement européenne. Si à Paris on ne se fait pas pour autant de souci quant à la poursuite de l’aide militaire américaine apportée au Sahel, la crainte demeure de voir Washington hésiter dans sa stratégie en Irak, où la France est partie prenante de la coalition internationale contre Daech.

Quelle attitude face à la Turquie?

Les Etats-Unis de Joe Biden, qui souhaitent renouer avec l’Iran, poursuivront-ils leurs efforts militaires contre les milices chiites en Irak ou en demanderont-ils davantage à leurs partenaires européens sur place? Lloyd Austin pourrait faire ses premiers pas internationaux en compagnie de ses alliés lors du prochain sommet ministériel de l’Otan, le mois prochain, que ce soit en présentiel ou par visioconférence.  

C’est à cette occasion que pourrait être prise la décision de prolonger la présence des forces de l’Alliance en Afghanistan ou d’y mettre fin. Autre test important pour la France, l’attitude que l’administration Biden adoptera face à la Turquie. S’agira-t-il de maintenir l’ambiguïté vis-à-vis d’un allié qui achète des batteries de missiles S-400 à la Russie et provoque ses voisins grec et chypriote ou de contraindre le président Erdogan à plus de cohérence? Autant de questions que la ministre des Armées, Florence Parly, est impatiente de poser à son nouveau collègue dès qu’il sera confirmé dans ses fonctions par le Sénat. Il sera d’ailleurs le premier de l’équipe Biden, dès mardi, à passer sur le gril.

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